Photo For Life : épisode 4

L’épisode 4 de Photo For Life d’hier portait sur la photographie de publicité qui est le domaine de prédilection d’Oliviero Toscani. Si vous l’avez raté, séance de rattrapage ci-dessous comme d’habitude :

On entre vite dans le vif du sujet avec une première citation de Toscani :

Le seul but final de l’art c’est la condition humaine

Selon lui, il n’y a aucune différence entre la photographie de publicité et la photographie de mode… Mais aussi avec tous les autres types de la photographie. Tout se rapporte à l’image de la condition humaine. On se rappelle sa photographie, de 2007, d’Isabelle Caro, anorexique (31 kg à l’époque de la photographie) pour une campagne contre l’anorexie. Et pour être sûr que tout le monde ait bien compris, Toscani réaffirme que :

 La photographie doit représenter la condition humaine, quelque soit le domaine.

On accueille alors Christophe Brunnquell, directeur artistique du magazine Purple, et la discussion va tourner entre les photos faites dans un quotidien et les photos faites en agences de publicité.On continue avec les petites phrases choc :

Dans la pub ils ne font rien d’utile pour justifier le salaire abominable qu’ils ont.

Celle-là m’a particulièrement faite rire :P. Ensuite, entre enfin en scène Maud Meylan, chargée de mission de l’UNAFAM (Union nationale des amis et famille des malades psychiques), pour introduire le défi du jour : proposer une photographie à intégrer dans un poster pour une campagne en France pour l’UNAFAM. Elle devra traiter du slogan « Santé mentale des ados – en parler tôt pour agir mieux ».

Petit tour de table pour parler du slogan (qui ne plaît pas trop aux photographes) et réfléchir sur le thème de l’adolescence : bainstorming autour du thème du silence, de l’autorité du système scolaire. On arrive ensuite au sujet plus photographique quant à la mise en scène générale de l’idée : plutôt jouer sur des plans serrés, des détails forts qui marquent.

Caroline émet une idée de photographie : une famille heureuse (parents souriants) avec un enfant portant des scarifications pour représenter le mal-être de l’adolescent et le manque de communication dans la famille. Toscani saute sur l’occasion pour dire que l’idée est trop compliquée et qu’on perd le sens de l’image. Il faut réfléchir pour trouver le sens et c’est trop long. Il faut voir l’image, on doit tout de suite trouver le message. Donc la famille compliquée, out !

Au tour de Suchart qui nous parle des toilettes et des graffitis. Objection de Toscani et Brunquell : l’image doit rester belle à voir, on doit vouloir l’utiliser comme poster. Donc les toilettes, out !

Le directeur artistique nous donne alors son idée, le majeur noir au marqueur et photographier la main sur fond blanc pour enlever le superflu et avoir un message fort. Personnellement j’ai pas torp accroché à cette idée…

Finalement, la pratique peut commencer. Le but de la séance : sortir 10 photos différentes en deux heures. Durant ces deux heures, on verra quelques détails techniques sur le réglage de l’éclairage : plus la source est ponctuelle (part d’un point au lieu d’un grand espace), plus l’ombre sera nette. Il faut donc recherche une source diffuse pour avoir une ombre douce. C’est le seul vrai point technique qui sera abordé pendant l’émission. Toscani repart dans la technique quand il voit Caroline photographiait en tout automatique, mais on n’aura jamais la conversation entre les deux… Dommage, mais je suppose que c’est par manque de temps au montage. Je doute qu’on aura accès à une version « longue » du cours mais ça aurait été intéressant de voir ce que Toscani a bien pu dire à Caroline. Toscani est beaucoup plus présent dans les réflexions photographiques car le défi est fait en groupe et non pas sur la base d’un concours.

Au niveau des idées abordées pour l’affiche, une pomme en décomposition, une fleur dans un verre sur le gazon (idée de Toscani qui ne séduira personne au final !), une bouche avec soit un message tatoué, soit des piercings, une poupée Barbie démembrée. Et là conflit entre Toscani et Coline : rasera, rasera pas la moitié du crâne de la poupée Barbie. Toscani impose son choix et la Barbie s’en tirera sans tête rasée (bon ok elle est déjà démembrée de toute façon…) ! Suchart, le roi du sang, photographie une manette ensanglantée. Mathieu part sur le portrait d’une adolescente déprimée, qu’il déchirera, froissera, torturera allègrement après avoir imprimé la photographie. Enfin, Caroline réalise son idée sur la famille sans communication avec 2 parents et une fille (Coline) avec la bouche recouverte de gaffer tape. Une bouteille d’alcool viendra compléter les idées.

Vient le moment du choix. Plusieurs photos sont discutées avec des slogans courts et punchy : Parle-moi pour le portrait de Mathieu et Game Over pour la manette de Suchart. Pour autant, c’est la bouche avec les piercings qui sera choisie, un choix largement influencé par Toscani qui dirige les discussions.

Après ce choix, on revient sur le choix de la couverture d’Arte Magazine. C’est la photo à la robe squelette de Coline qui gagne, sans grand suspense ! En dernier lieu, Suchart montre sa déception quant à la masterclass et son rayonnement. Il pensait devenir international avec cette émission, mais ce n’est pas le cas. Un deuxième déçu après Christian ? Ou trop exigeants ? Au contraire, j’ai beaucoup aimé les réflexions de Mathieu quant à la connaissance de Toscani sur la technique de l’éclairage et son ressenti de la photographie, la débrouille dont il a fait preuve avec une seule lumière. On voit qu’il est impressionné et c’est agréable à voir, enfin un peu d’apprentissage dans cette émission (je pense que cela manquait aussi aux apprentis photographes finalement !).

Et le mot de la fin par Toscani :

Etre soi-même et croire en soi. C’est beaucoup plus intéressant de voir le résultat de quelqu’un qui est vraiment soi-même que de quelqu’un qui est même une bonne copie de quelqu’un d’autre.

Et ce soir, dans le dernier épisode de cette série Photo For Life, le thème sera la beauté.

Toute la série Photo For Life :

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16 Comments
  • nol de nol
    25 novembre 2011

    Je suis tombée sur les fesses lorsque Toscani a surpris une élève a photographier en mode automatique !!!!
    Et quant aux photos qui doivent être quant même belles pour pouvoir la mettre au dessus de son lit je me suis demandée s’il voudrait avoir au dessus de son lit la photo de la femme anorexique ! Cette campagne était excellente et la photo est esthétique mais, c’est mon opinion, je ne voudrais pas la mettre au dessus de mon lit…

  • Pastelle
    25 novembre 2011

    Petite précision : la photo d’Isabelle Caro n’a pas été réalisée pour Benetton mais dans le cadre d’une campagne contre l’anorexie.
    http://next.liberation.fr/mode/01012310591-la-mannequin-anti-anorexie-est-decedee

    Je regarde l’émission et je reviens dans un moment.

    PS : Tu peux supprimer ce commentaire après usage ! 😉

    • ktycat
      25 novembre 2011

      Tout à fait raison, je sais pas pourquoi j’ai mis ça sur le compte de Benetton (sûrement avec la campagne récente :P).

  • Pastelle
    25 novembre 2011

    h h PS : Je me demande si ton blog est à la bonne heure.
    Je vois mon commentaire posté à 19 h 20 alors qu’il est 17 h 10

    PS : Tu peux aussi supprimer ce commentaire après usage ! 😉

    • ktycat
      25 novembre 2011

      T’as aussi raison… Je vais arranger ça.

  • LaFilleDeLaSardine
    26 novembre 2011

    Petite Ktycat, ce n’est pas l’endroit, mais après « discussion » avec Marie Thé je réalise que c’est la sainte Catherine et il n’est pas encore minuit, alors très bonne fête et gros bisous.
    Je vais profité du W.E pour visionner l’émission. Merci pour tout ce que tu fais pour nous !

    • ktycat
      26 novembre 2011

      Merci 😀 ! Trop gentille d’y avoir pensé ;).

  • Pastelle
    26 novembre 2011

    Je crois que c’est l’épisode que j’ai préféré.

    L’appellation « photo publicitaire » me rebutait aussi, alors qu’en fait il ne s’agissait pas de vendre quoi que ce soit, mais de mettre en images une idée.

    Vu qu’il s’agissait d’un travail en commun c’était beaucoup plus détendu et plus sympa. Les participants étaient souriants et agréables.

    Bref dans l’ensemble j’ai beaucoup aimé.

    Par contre entre l’image qu’on a vu fabriquer à l’écran, et l’image finale, celle là :
    http://photoforlife.arte.tv/uploads/photo/image_file/4844/large_lips_thingies.jpg?1322152288
    il y a eu un sacré boulot de post traitement complètement passé sous silence.
    Ca c’est pas cool. Je pense que ça méritait quand même une petite explication, parce que c’est énorme quand même.

    Et vu que j’ai copié sur le commentaire au dessus, bonne fête ! 😉

    • vincent p
      26 novembre 2011

      Le traitement n’est pas si lourd même relativement simple!

      Pour l’automatisme de Caroline, il s’agit de l’autofocus qu’on utilise en portrait. A distance l’automatisme sera meilleur que la vision humaine. En revanche pour de la proxy photo ou macro, il est plus aisé de travailler en manuel et l’automatisme ralentit la prise de vue car trop lent et inutile.
      Mais vu qu’elle est une habitué du portrait j’ai trouvé ça beaucoup moins choquant que l’utilisation du flash interne par la candidate iranienne-allemande. Qui fait preuve de sensibilité artistique mais d’un manque cruel de techniques!

      • ktycat
        26 novembre 2011

        C’était juste l’autofocus en automatique ? J’avais l’impression qu’ils présentaient la chose comme « tout automatique » et non pas juste l’AF… A vérifier ! A ce moment-là ça me rassurerait parce que sinon ça serait très étonnant…

        • vincent p
          27 novembre 2011

          Je suis certain Toscani s’en est aperçu et râle.
          Du coup, on voit Caroline régler l’AF en manuel sur son boitier, avec le sélecteur AF C/S/M qu’elle met en M.

          D’ailleurs l’émission aurait été tourné en Juillet.

          Je persiste à dire que tous les photographes ont du talent et de bonnes connaissances techniques à l’exception de l’Allemande-Iranienne. D’ailleurs c’est elle qui s’est mis le plus tardivement à la photo, et ça se voit elle a de grosses lacunes!

          • ktycat
            27 novembre 2011

            Ok alors, je n’ai pas été assez attentive à ce moment-là ou c’est la manière dont la voix off disait la chose qui m’a fait pensé aux réglages et non pas seulement au focus. Tu as raison concernant Sami qui, s’étant mise à la photo très récemment, manque de technique et je dirai que ses photos de casting ne m’ont pas vraiment plu… Mais après les goûts et les couleurs ;).

  • ...Patouiller...
    26 novembre 2011

    pour ma part je préfèrais l’idées de matthieu car la bouche fermée sans leurs explications je sais pas si j’aurais vraiment compris en la voyant dans la rue tout dépend du slogan, à moins que je n’ai un petit faible pour les choses qui ne passent pas par quatre chemin ou bien pour le travail de matthieu, j’ai bien aimé cet épisode car je pensais la photograhie de publicité ennuyeuse mais non, unthème à travailler…

    • ktycat
      26 novembre 2011

      T4as raison, sans explication c’est plus difficile de comprendre le sujet qu’avec la photo de Mathieu. Il m’a beaucoup étonné parce qu’au début, j’étais sceptique concernant son idée d’ado dépressive. Mais le fait de « post-traiter » manuellement m’a bien plu !

  • paky
    28 novembre 2011

    J’ai regardé l’épisode il y a qq jours mais je n’avais pas eu le temps de repasser ici ^^

    Ce n’est pas mon épisode préféré perso, ni les résultat d’ailleurs :/
    Je n’ai aucun choix en commun avec eux, moi je préférais la photo de famille … mais je ne sais pas si elle aurait été comprise sans explication, dès le départ… je n’aurais bâillonné que l’ado pour montré que c’est cela qui est en jeu dans la campagne…

    pour « l’automatique », ce que dit vincent me rassure aussi quoique ça me plaisait de penser que moi (bon ok je galère souvent mais qd même) j’utilise le tout manuel alors qu’une fille pro (ou presque) se cache derrière un mode automatique ^^

    et sinon et ben bonne fête un peu en retard du cou p 😀

    • vincent p
      28 novembre 2011

      Attention à ne pas confondre automatique et automatisme.

      Un professionnel peut utiliser des modes avec automatisme, l’avantage rapidité d’action en retirant la contrainte la moins importante pour la photo qu’il souhaite : vitesse ou obturation ou sensibilité.

      En revanche en studio, c’est manuel uniquement.

      La technologie actuelle permet de pouvoir déléguer une partie du choix de la prise de vue au boitier sans grosse surprise. En revanche, le professionnel aura toujours besoin d’être techniquement au point pour faire ces choix de réglages : savoir quand il peut être intéressant de déléguer ou non et surtout sur quel critère.

      Sur l’idée de la famille avec le scotch uniquement sur le visage de l’adolescent, l’image aurait été beaucoup plus lisible. Mais peut être mal perçu, « enfant maltraité »!