Gérer la lumière : le triangle de l’exposition

Je ne sais pas si vous en avez déjà entendu parlé, mais ce triangle de l’exposition (the exposure triangle) est à la base de la photographie. Elle met en jeu trois paramètres, le temps d’exposition, l’ouverture de la lentille et l’ISO. Ce sont, si vous participez au Projet Photo 52, des paramètres que je vous demande de donner quand vous publiez votre photo. Et c’est là que vous allez comprendre à quoi ils servent dans cette série d’articles.

Le triangle de l’exposition

On parlera pas à pas des 3 paramètres dans 3 articles différents (je donne aussi les termes anglais) :

Dans cet article d’introduction, je vais simplement introduire la notion de triangle d’exposition pour voir le concept général. Pour résumer ce triangle, rien de mieux qu’une image !

PinitTriangle exposition
Ce qu’il faut comprendre pour l’instant, c’est que ces 3 paramètres ont une influence sur la lumière qui va arriver sur le capteur de l’appareil photo et donc sur la luminosité et l’exposition de la photo.

En plus de cela, chaque paramètre a une influence sur les autres, ils sont véritablement liés les uns aux autres. Par exemple, si j’augmente l’ISO, c’est-à-dire que mon appareil a moins besoin de lumière pour faire une photo, cela va avoir une influence sur l’ouverture de la lentille et le temps d’exposition que je vais pouvoir utiliser pour avoir une image « potable ».

Pinittriangle d'exposition

Sur un appareil réflex ou bridge, on peut utiliser des modes qui nous laissent gérer ces 3 paramètres :

  • tous à la fois en mode manuel (M sur la photo du dessus).
  • deux paramètres avec le mode priorité à l’ouverture (A ou Av comme Aperture) : on gère alors l’ouverture de la lentille et l’ISO.
  • deux paramètres toujours avec le mode priorité à la vitesse (Tv ou S comme Shutter) : on gère alors la le temps d’exposition (ou vitesse de l’obturateur) et l’ISO.

Avec les deux derniers modes, l’appareil photo règlera automatiquement le troisième paramètre (que vous ne gérez pas) selon les 2 autres paramètres que vous aurez réglés. Si on utilise le mode automatique, c’est l’appareil photo qui va faire tous les réglages.

On dit souvent que le mode manuel est le Saint Graal du photographe, mais je peux vous dire que j’aime aussi utiliser les 2 autres modes ! On verra plus tard pourquoi il existe ces 2 modes priorité à la vitesse et priorité à l’ouverture et dans quels cas choisir l’un ou l’autre.

Surexposition et sous-exposition

Trouver l’exposition adaptée est le premier pas vers une photo réussie. Si vous avez un appareil photo compact, c’est souvent lui qui fera les réglages à votre place pour trouver la bonne exposition.

PinitTriangle d'exposition

On parle souvent de surexposition ou de sous-exposition d’une photo lorsque la photo est saturée en blanc (surexposition) trop de lumière a atteint le capteur, ou saturée en noir (sous-exposition) qui correspond là à un manque de lumière pour le capteur.

Pinittriangle d'exposition

Les 3 paramètres, ISO, ouverture de la lentille et temps d’exposition, vont vous permettre de jouer sur la quantité de lumière qui atteint le capteur et donc gérer ces problèmes de sous- ou surexposition.

PinitTriangle exposition

Il faut aussi savoir que prendre des photos en surexposition ou en sous-exposition sont aussi des techniques à part entière qui donnent des effets très créatifs (on parle alors de photo high-key ou low-key en anglais), personnellement j’aime beaucoup ! Si vous utilisez le mode automatique, vous ne pourrez pas faire de photos de ce style car votre appareil photo voudra trouver la bonne exposition.

Pinittriangle d'exposition

La métaphore de la fenêtre

Revenons au triangle d’exposition. Il faut maintenant savoir comment chaque paramètre influe sur la quantité de lumière reçue par le capteur. Les photographes aiment souvent utiliser des métaphores pour comprendre tout ça. Personnellement, je trouve assez simple et facile à comprendre celle de la fenêtre.

Supposons que nous sommes dans une pièce avec une seule fenêtre. On joue le rôle de capteur (nos yeux bien sûr) et la fenêtre représente tout simplement le diaphragme de l’appareil photo.

Pinittriangle d'exposition

Premier paramètre : l’ISO

Comme précisé tout au début de cet article, il faut voir l’ISO comme la sensibilité du capteur à la lumière. Cela signifie tout simplement que si l’on augmente l’ISO, le capteur aura besoin de moins de lumière pour faire la photo. Si on diminue l’ISO, l’appareil nécessitera plus de lumière pour faire la même photo.

Pour utiliser la métaphore, on va mettre des lunettes de soleil. Oui, moi je mets des lunettes de soleil chez moi ;). A ce moment-là, la lumière nous paraît moins forte, on a donc fait l’équivalent d’une diminution de l’ISO vu que moins de lumière arrive jusqu’à nos yeux. Si on enlève les lunettes, on augmente l’ISO et la lumière paraît plus forte.

Deuxième paramètre : l’ouverture de la lentille

L’ouverture de la lentille est la taille de l’ouverture du diaphragme pendant la prise de vue. Dans notre métaphore de la fenêtre, l’ouverture de la lentille correspond à la taille de la fenêtre.

Pinittriangle d'exposition

Si on change la fenêtre par une baie vitrée, la lumière entrant dans la pièce sera bien évidemment plus grande ! Et si on met une fenêtre de la taille d’un trou de serrure (oui j’ai envie d’une fenêtre de la taille d’un trou de serrure, j’assume totalement !), et bien là je vous laisse deviner que la pièce sera bien moins éclairée, non ?

Personnellement, je suis une fan de la baie vitrée, mais la métaphore est vraiment réaliste parce que la baie vitrée coûte vraiment plus chère que la fenêtre standard, c’est-à-dire que les objectifs capables d’avoir une grande ouverture de focale sont plus chers (beaucoup plus chers même…).

Troisième paramètre : le temps d’exposition

Le temps d’exposition est donc le temps pendant lequel le diaphragme est ouvert. La vitesse d’obturation ou temps d’exposition va être défini par la rapidité de l’ouverture et de la fermeture des volets. Ça, c’est de la vraie métaphore, parce que va ouvrir et fermer des volets en 1/60 secondes… Bref, plus vous laissez ouverts les volets longtemps, et plus nos yeux emmagasineront de la lumière.

Pinittriangle d'exposition

Pour tout vous dire, il existe d’autres métaphores, dont celle du bronzage… Mais pour moi ça fait trop mal, je prends toujours un coup de soleil (grosse surexposition),  malgré un temps d’exposition faible (vitesse de l’obturation) et une protection UV maximale (petite ouverture de focale). Mon ISO de peau est beaucoup trop haut, non ???

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26 Comments
  • grmin
    7 janvier 2011

    Très bon didacticiel, avec une très belle métaphore de la fenêtre.

    Je rajouterai que les trois paramètres liés que tu cites définissent en quelque sorte l’IL (indice de luminosité), en quelque sorte la quantité totale de lumière prise en compte par le capteur et que l’on répartit, en fonction des réglages, entre sensibilité, ouverture et durée d’exposition

    Je suis cependant un peu troublé par le terme « ouverture de la focale » : pour moi la focale n’a rien à voir avec l’indice de luminosité. C’est la distance entre l’arrière de l’objectif et l’endroit où se forme l’image nette, alors que l’on parle en fait de la largeur du « trou de serrure » par lequel passe la lumière que l’on va utiliser.

    Je conclus par une question, sur un point dont je suis sur que tu l’as volontairement laissé en suspens pour l’instant : pourquoi l’ISO est-il réglable ? Après tout n’aurait-on pas intérêt à utiliser tout le temps une sensibilité la plus élevée possible ?

    • ktycat
      7 janvier 2011

      Je suis tout à fait d’accord avec toi pour l’indice de luminosité, je pense que les termes sont différents selon les personnes : personnellement, je parle d’exposition ou de quantité de lumière reçue par le capteur. C’est comme si le capteur était un verre qu’on remplissait avec de l’eau (la lumière) et qu’on regarde à la fin quelle quantité d’eau contient le verre. Je suis encore partie sur une métaphore, faut que j’arrête !

      Alors pour l’ouverture de la focale, c’est le terme ouverture qu’il faut retenir. En anglaise, on dit aperture, mais en français les termes ne me plaisent pas vraiment. je pense qu’il faut plutôt utiliser le terme ouverture de lentille, il faudrait que je change ça dans l’article. J’ai toujours du mal avec les termes français car quand on s’habitue aux termes anglais, on perd la traduction.

      Concernant l’ISO, c’est bien évidemment laissé en suspens pour le futur article qui parlera de l’ISO. Ta remarque est très judicieuse : si on a la possibilité d’augmenter la sensibilité du capteur, pourquoi ne pas le faire tout le temps ?
      En fait, plus tu augmentes l’ISO et plus l’appareil photo utilisera moins de lumière pour créer l’image. Les capteurs ne sont pas parfaits (loin de là) et au bout d’un moment (pour des ISO grands), du bruit va apparaître sur la photo car l’appareil photo n’aura pas assez d’informations sur la luminosité et va faire un peu de pifomètre (en utilisant je pense les pixels autour). Donc on préfère souvent mettre l’ISO le plus bas possible pour avoir le moins de bruit possible sur la photo. Mais il faut faire la part des choses et garder des réglages de vitesse et d’ouverture de lentille « pratiques ».

      • grmin
        7 janvier 2011

        Exposition ou « quantité de lumière », ça me va. Mais je crois terme technique consacré est bien « IL ».
        La traduction de « Aperture » me semble être, tout simplement, « Ouverture », je pense qu’on peut se contenter de ça.

        Et pour le « bruit », j’ajouterai que la notion existe aussi (et est très proche) sur les pellicules argentiques. J’en dirai un peu plus soit en commentaire sur ton futur article à ce sujet soit sur mon blog, avec des photos pour illustrer

        Merci en tout cas, et bon week-end.

        • ktycat
          7 janvier 2011

          Ok pour le IL, je crois qu’en anglais on utilise tout simplement exposure. On va s’embrouiller avec tout ça 😛 !

          Pour l’argentique, je crois que la notion est tout à fait semblable, car tu as des films avec des ISO différents. Tu te prépares déjà à l’assaut de mon article sur l’ISO, au secours 😛 ! Non, sincèrement tu as tout à fait raison d’ajouter les notions d’argentique, je n’y connais pas grand chose de ce côté-là !

  • chat-mallow
    7 janvier 2011

    Très belle explication… je vais la montrer à mon copain qui avait galéré à m’expliquer tout ça quand il m’a initié à la photo… l’idée de la métaphore est bien pratique.
    Concernant les modes manuels, il existe des compacts également qui proposent ce genre de réglages.
    Bien sur, il y a les Leica mais côté prix, c’est un peu chéros. Personnellement j’ai opté en plus du reflex que l’on a à la maison, pour un panasonic Lumix LX3. Il possède un objectif Leica f2.0 – 2.8 bien sympa avec une quantité de réglages et modes intéressants.
    Pour ceux qui aiment avoir l’appareil photo quotidiennement dans le sac, c’est une très bonne alternative, un compact de qualité, que j’ai totalement adopté!
    J’espère que je ne déborde pas sur des posts que tu avais en tête pour plus tard… très bel article en tout cas! bises

    • ktycat
      7 janvier 2011

      Contente que cet article ait pu t’aider !
      Concernant les compacts, il y en a de plus en plus qui permettent des réglages un peu avancés, mais c’est vrai que pour faire de la « vraie » photo (j’entends par là faire tous les réglages comme on le souhaite), le réflex est mieux. Mais comme tu le dis, pour tous les jours, un compact est beaucoup moins pratique et il se trouve que même des phtographes pro partent en vacances avec juste un compact ;).

      • grmin
        7 janvier 2011

        Je plaide pour le compact bas de gamme, pas cher, qu’on peut emmener partout sans crainte de perdre grand chose si on le casse, le mouille ou le perd.

        Certes, il sera forcément limité en possibilités de réglages. Mais justement, c’est là que son usage prend tout son sel : comprendre comment fonctionnent les automatismes et les tromper (et oui, encore) pour arriver à en faire ce que l’on veut a quelque chose d’assez jouissif.

        • ktycat
          7 janvier 2011

          Le compact bas de gamme pour tous les jours, je suis tout à fait d’accord !

  • Jude
    7 janvier 2011

    Je rejoins Chat-mallow pour le Lumix. On m’a offert pour Noel le TZ10 et c’est un compact dont on peut regler les paramètres.
    Par contre, c’est un peu technique pour moi qui comprend surtout en voyant ou faisant. J’attends les autres articles alors pour pouvoir poser toutes les questions!

  • nol de nol
    7 janvier 2011

    C’est un très bel article !!!

    Pour les iso, il y a une chose qui est différente avec l’argentique : avec l’argentique, on peut tromper le capteur. C’est à dire que si on a un film en 200, on peut très bien forcer le capteur et lui dire 800. Bon ça ne sera pas du vrai 800 mais ça aide quand même quand on manque de lumière !! Et j’avoue que j’aime bien l’idée de tromper mon Nikon !!

    Pour le trou de serrure, tu aurais pu aussi utiliser l’oeil de boeuf comme ça tu restes dans les fenêtres !!

    • ktycat
      7 janvier 2011

      ah ok pour l’argentique, heureusement qu’il y a une experte dans la salle ;). Tu trompes ton Nikon, t’as pas honte ?

      Oui, l’oeil de boeuf ça marche aussi :). Le tout est de comprendre le concept !

      • grmin
        7 janvier 2011

        La plupart des émulsions grand public sont en fait le même produit étiqueté différemment, 100 200 ou 400 iso et c’est la latitude d’exposition de la chimie conjuguée à des variations dans le traitement de développement (température et durée) qui fait le reste.

        Par contre dès qu’on tape un peu dans les extrèmes (25, 50, 64 ou 800 à 6400 et +) évidemment c’est différent

        • ktycat
          7 janvier 2011

          Ok, je te crois sur parole car je n’y connais pas grand chose en argentique, sauf la chimie de l’impression sur négatif et le développement. Je suis une chimiste, donc ça ça va, mais la technique après, je gère pas ;).

  • Estellecalim
    7 janvier 2011

    Merci pour ce premier tuto bien utile Ktycat
    Sur mon compact, je ne peux pas tout régler, mais je peux changer l’exposition et les iso, et ça, c’est un vrai avantage. J’utilise généralement le programme « iso » qui me permet de disposer potentiellement d’un iso de 1800, mais en faisant des tests, je me suis aperçue que mis à part en situation particulière, il est souvent en 100 ou 200. Par contre, dans les temples par exemple, il monte sans problème et je n’utilise quasiment jamais le flash. Il est toujours désactivé. 🙂

    • ktycat
      7 janvier 2011

      Oui, je me souviens qu’on peut souvent gérer l’ISO, c’est pas mal car c’est un premier avantage ! Personnellement, je n’utilise jamais le flash, je n’aime aps trop l’effet que ça donne.
      Et c’est sûr que pour les temples et églises plongées dans le noir, c’est super pratique de pouvoir utiliser des ISO hauts !

  • Sil
    29 juillet 2011

    Enfin, des explications que je suis capable de comprendre ! 8)

    Je suis du type «visuelle» donc, j’ai besoin de voir avec «schémas,images ou métaphores» pour bien assimiler des informations que je dois lire.

    C’est court, simple et précis ! J’adore tes explications Ktycat !

    Merci !

    • ktycat
      29 juillet 2011

      Contente que les explications te conviennent Sil 🙂 !

      • Bridge_Jaune
        6 octobre 2011

        Très bonne explication!
        Je connaissais la métaphore du seau d’eau, mais pas celle ci, qui est mieux même puisque tu le démontre en poussant jusqu’à expliquer la sur ex, toujours avec la même « image » lol

        En ce moment je suis entrain de chercher des infos sur l’exposition précisemment, avec l’histoire des « spot » etc.

        Car par moment, on a beau savoir tout ça, il y a des cas où le bas de la photo est sombre, et le haut « clair ». Et là c’est le hic…