Cet article marque la fin de l’étude des paramètres qui jouent sur le triangle d’exposition. Avec les 2 premiers articles sur l’ouverture et l’ISO, nous avons déjà pu anticiper l’influence du temps d’exposition. On va donc surtout s’intéresser aux différents aspects du temps d’exposition.
Le temps d’exposition est un paramètre à ne pas négliger, car il va véritablement influencer la qualité et l’apparence de votre photo. On sait intuitivement que si le temps d’exposition est trop long, on va avoir à faire avec le flou de bougé qui correspond au flou dû au mouvement de l’appareil photo et donc du photographe. Nous allons voir quelles sont les utilisations habituelles de différents temps d’exposition.
Temps d’exposition très courts : les sports mécaniques
On comprend aisément que pour photographier une voiture ou une moto nette en course, il va falloir utiliser un temps d’exposition très court. Il faut donc essayer au maximum de baisser le temps d’exposition et on tourne souvent autour des 1/4000 (temps d’exposition minimal selon votre appareil photo) à 1/800 s qui dépendent évidemment de la rapidité des bolides : course « professionnelle » (250 – 300 km/h) ou course plus « amateur » (100 – 200 km/h).
Le temps d’exposition dont vous aurez besoin dépendra aussi de l’endroit où vous vous situez par rapport au sujet, si vous êtes loin, le temps d’exposition pourra être un peu plus long et vous pourrez vous situer autour des 1/800 s.
Ci-dessous, 3 exemples de photo de sports mécaniques (cliquez sur les images pour aller sur les pages Flickr correspondantes) :
1/4000 s : même les grains de terre sont bien nets !
1/1000 s
1/800 s
Temps d’exposition courts : le sport en général
Ici, on va plutôt parler des autres sports, avec un déplacement du sujet moins rapide. On pense à tous les sports collectifs, football, rugby, etc, qui nécessitent un temps d’ouverture moins court. On a un peu effleuré le sujet de la photographie de sport avec la question technique de la semaine (je vous invite à y répondre et donner votre avis si ce n’est pas déjà fait, car la discussion sur ces questions techniques permet vraiment d’avancer). Le temps d’exposition à utiliser est souvent autour des 1/800 à 1/250 s selon la netteté recherchée.
1/640 s
Dans mon cas du football américain, je préfère me situer autour des 1/640 s ou 1/500 s. Les matchs que je photographie sont amateurs, on peut donc se dire que je n’ai pas besoin d’un temps d’exposition aussi court. Que nenni ! Attention à ce piège !
Dans les sports collectifs, il faut faire attention aux joueurs, bien évidemment, mais aussi au ballon ! Quel est l’intérêt d’une photo d’un joueur net si le ballon est flou (bon ok ça peut être un effet artistique dans certains cas) ? Quand les joueurs ne font « que » courir, on peut se limiter à un temps d’exposition autour de 1/320 ou 1/250 s. Mais dès qu’il y a une action brusque (lancement de la balle, tir dans le ballon), on peut se retrouver avec un flou sur la jambe et/ou le ballon. Dommage, non ?
Dans ces cas-là, je préfère donc avoir un temps d’exposition un peu plus court pour être « tranquille » en toute circonstance.
1/500 s
Conseil : avant le début du match ou de l’évènement sportif, faites-vous la main sur les sportifs qui s’échauffent. C’est ce que je fais tout le temps pour régler mon appareil photo et voir quelles seront les limites probables de mes réglages (ISO minimal pour un temps d’exposition convenable par exemple).
Temps d’exposition moyens : pour la photographie du quotidien
Pour les photos autres que le sport, on s’intéresse beaucoup moins au temps d’exposition qui passe en second plan derrière l’ouverture. Par exemple, en photographie culinaire, on va vraiment s’intéresser à la profondeur de champ tout en gardant un temps d’exposition convenable (sauf si on utilise un trépied).
Cependant, il existe (ou plutôt existait) une règle qui me paraît importante à garder à l’esprit. C’était au temps des appareils photo argentiques, sans stabilisation d’image et toute la technologie qu’on a maintenant…
En résumé, cette règle dit qu’il faut garder un temps d’exposition inférieur à 1/la focale en mm pour avoir une photo nette.
Un exemple : j’utilise mon 50 mm sur mon Canon 400D. Pour me ramener à la focale réelle sur un appareil photo 35 mm ou full frame (en rappel aux appareils photo argentiques), je dois multiplier ma focale par 1.6 (c’est le rapport pour les Canon, je crois que c’est 1.5 pour les Nikon). Ainsi, j’ai une focale « effective » de 50 mm x 1.6 = 80 mm.
Si je suis la règle du temps d’exposition, je dois donc utiliser un temps d’exposition inférieur ou égal à 1/80 s pour être sûre que ma photo soit nette.
Deuxième exemple : pour le sport, j’utilise la focale 75-300 m à 300 mm. J’ai donc une focale réelle de 300 mm x 1.6 = 480 mm. Je dois donc utiliser un temps d’exposition inférieur ou égal à 1/480 s, ce qui est bien le cas avec mes 1/640 s ou 1/500 s.
C’est bien évidemment une règle indicative mais j’aime la garder en tête pour ma photographie quotidienne. On parlera plus tard de la stabilisation d’image et de ses avantages et inconvénients ;).
Temps d’exposition longs : le flou entre en scène
Avec des temps d’exposition plus longs, on souhaite faire apparaître du flou qui peut se révéler très artistique. On retrouve souvent l’exemple type de la cascade d’eau avec l’eau brumeuse. C’est tout simplement le résultat du flou de mouvement de l’eau avec une prise de vue à exposition longue. Il suffit souvent d’atteindre des temps d’exposition autour de 1/4 s pour voir cet effet apparaître. On peut ensuite aller plus loin en dépassant la seconde d’exposition, jusqu’à 6 ou 8 secondes pour avoir un flou vraiment présent.
Attention toutefois à la luminosité qui résulte de ce long temps d’exposition, on devra alors utiliser un filtre à densité neutre (ND) qui permet de compenser ce trop plein de lumière (en résumé, on rajoute des lunettes de soleil à notre appareil photo).
8 secondes
On peut aussi utiliser des temps d’exposition longs devant un manège. On fixe l’appareil photo (trépied ou autre) et on laisse photographier le manège pendant assez longtemps pour que tout soit flou. On obtient alors un effet de filé (lignes floues). On le retrouve aussi la nuit avec les phares des voitures dans la circulation.
20 secondes
Les temps d’exposition longs sont très marrants à utiliser, surtout dans le noir et la nuitavec le light painting. On laisse l’appareil photo fixe, sur un trépied ou tout autre support et on « peint » littéralement avec une lampe torche ou tout autre objet lumineux. Et comme je suis vraiment fan de cet effet, je n’ai pas pu résister à l’envie de vous mettre 3 photos de light painting !
70 secondes
Le temps d’exposition est un paramètre très important pour la netteté des images, mais qui devient un véritable paramètre artistique dès qu’on le laisse « s’exprimer » avec des temps d’exposition longs. A vous maintenant de tester toutes les possibilités apportées par ce paramètre qu’on néglige un peu trop souvent !